« Mon expérience à l’hôpital de Kabinda m’a énormément remis en question. » Vincent, VSI à Kabinda en République Démocratique du Congo
Je suis français, originaire de Nouvelle Calédonie et j’ai 27 ans. J’exerce actuellement comme infirmier volontaire à l’hôpital Général de Référence de Kabinda. Celui-ci est géré, depuis 1982, par la Communauté Religieuse des Béatitudes.
J’évolue sur différents services de chirurgie, de pédiatrie, de médecine et de soins intensifs. Par là même occasion j’ai pu observer et évaluer beaucoup de problèmes d’hygiènes, d’organisation, de gestion du matériel de soin, d’encadrement des stagiaires… J’ai du réaliser des pansements surinfectés dans des états critiques avec un matériel réduit et des conditions d’hygiène compliquées. A cela se sont ajoutés les pratiques des infirmiers locaux qui s’éloignent beaucoup de nos formations à l’européenne. Il y a également l’aspect culturel qui impact énormément les soins, même au niveau professionnel infirmier. A petite échelle, ce sont quelques changements qui ont pu être réalisés, comme l’utilisation de compresses et de matériels antiseptiques mieux adaptées ou de nouveaux éléments de réflexion et d’évaluation dans les soins infirmiers.
Mais le plus important à mes yeux est la relation que l’on peut avoir comme soignant auprès des patients. Ce lien indispensable entre le malade et l’infirmier est sans aucun doute le plus difficile sur lequel travailler. Depuis mon arrivée, je dois m’efforcer de ne pas juger des comportements qui pourraient me paraître comme choquants du fait de nos cultures, vécus, aspirations et considérations différentes. Alors je dois tenter de proposer implicitement une autre approche, une attitude d’écoute, de soutien et de compassion tout au long de la prise en charge et bien plus encore pendant un soin douloureux. C’est pourquoi, l’encadrement des stagiaires est un élément de mon travail sur lequel je m’applique tout particulièrement.
Ma semaine de préparation au SCD m’avait été utile pour entendre des partages d’expériences de la part d’autres volontaires. Mais comme souvent, les expériences ne sont pas toujours exprimées dans les détails et le vécu de chacun diffère selon la personnalité. C’est pour quoi, je crois qu’il y a beaucoup d’aspect de ma mission sur le terrain pour lesquels je n’aurais en aucune manière pu être totalement prêt.
Mon expérience à l’hôpital de Kabinda m’a énormément remis en question. C’est un vrai « rentre dedans ». Je dois sans cesse essayer d’être attentif à l’opinion des autres soignants locaux, tenter de comprendre pourquoi ils agissent d’une manière plutôt qu’une autre. Chercher tout les jours de l’énergie pour continuer à initier des petits changements et croire qu’ils seront un jour adoptés. Mon cheminement personnel n’est évidemment pas fini ; j’entame la deuxième partie de mon temps de volontariat.
Vincent, Infirmier, Volontaire de Solidarité Internationale depuis 2017.