« J’ai souhaité m’investir dans le secteur de la solidarité internationale », Thomas, VSI en République Démocratique du Congo

Je me nomme Thomas, j’ai 38 ans. Après avoir travaillé pendant 10 ans dans le secteur de l’insertion socioprofessionnelle, j’ai souhaité m’investir dans le secteur de la solidarité internationale et apporter les compétences acquises tout au long de mon parcours.

Je travaille actuellement pour l’APEF, une ONG locale créée en 1996 afin de soutenir les femmes à faibles revenus dans la ville de Bukavu et sa région et d’assurer la défense de leurs droits. Depuis 2002, l’APEF s’est doté d’un centre de formation et dans ce cadre forme actuellement des femmes vulnérables dans le secteur de la coupe-couture, la broderie et la teinture. A ces formations techniques, il faut ajouter les formations dîtes « structurantes » qui permettent aux femmes d’acquérir des connaissances complémentaires les aidant pour la mise en œuvre de leur unité de production et plus globalement dans la connaissance et la défense de leurs droits (le droit des femmes, le genre, la participation citoyenne, la gestion des microentreprises…)

Ma mission principale consiste à accompagner le responsable pédagogique de l’APEF dans la mise en œuvre du projet de Frères Des Hommes visant à renforcer les capacités pédagogiques des formatrices et animatrices du centre de formation. Dans ce cadre, ma fonction consiste à rassembler, formaliser, améliorer et compléter les contenus des modules de formation ainsi que de travailler sur les méthodes pédagogiques, les supports et outils de formation et de suivi des apprenantes.

Le projet s’inscrit dans un contexte difficile aussi bien sur le plan politique, économique que social. Mais ce contexte difficile l’est encore plus pour les femmes victimes d’inégalités liées à leur sexe. En œuvrant pour les femmes vulnérables, l’APEF a fait le choix de lutter contre les inégalités liées au genre et d’aller vers l’empowerment des femmes. Le projet de FDH et de l’APEF qui vise l’amélioration des capacités pédagogiques des formateurs et animateurs ainsi qu’en un renforcement de la qualité des formations, principaux acteurs et outils du changement, contribue à cette mission et donc à la transformation sociale qui lui est liée.

Bien que  la formation du SCD n’ait pas servi dans sa totalité, la préparation avant le départ a permis d’avoir une meilleure approche du milieu dans lequel j’effectue mon volontariat. En effet la dimension d’interculturalité, thème central de la préparation, est essentielle et permet d’avoir une grille de lecture nécessaire pour vivre au mieux son expérience d’expatrié dans une structure et un pays aux fonctionnements et codes différents des nôtres. Par ailleurs, le fait de savoir que certaines problématiques (telles que la dimension temporelle différente, le fait de dire «oui» et penser «non») sont communes aux différents volontaires permet, lorsque cela arrive, de rassurer et de ne pas se décourager.

Pour ce qui est de l’accompagnement, je n’ai heureusement pas eu d’urgence qui aurait dû faire que le SCD intervienne de manière forte. Car c’est cela l’image que j’ai du SCD : un acteur principal et fiable sur lequel je pourrais compter si j’avais un problème, de taille ou non, à résoudre (santé, sécurité, relationnel avec la structure d’accueil…). Mais je sais aussi que l’on a toujours un regard porté sur nous, les volontaires, mais un regard qui sait se montrer discret et ça c’est agréable.

Sur le plan professionnel, le volontariat me permet de développer mon champ de compétences. J’avais une formation initiale dans l’ingénierie pédagogique mais je n’avais pas travaillé spécifiquement dans ce domaine lors de mon parcours professionnel. Cette expérience m’a donc demandé de remettre à jour mes connaissances et de les mettre en pratique. L’apport du pôle Formation de FDH aura été également très formateur. Il n’y a aucun doute que je ressortirai grandi sur le plan professionnel avec en plus tous les apports liés à une expérience interculturelle. (Adaptation, réactivité…)

Sur le plan personnel, c’est également très enrichissant. C’est déjà une remise en cause de soi-même, de sa culture et cela permet de sortir d’une sorte ethnocentrisme. On se teste indirectement à travers ce type d’expérience. « Qui suis-je ? », « quelles sont les représentations a priori que l’on a sur moi ?», « quelles images je renvois en tant qu’étranger ? », « quelle petite pierre à l’édifice du  changement est-ce que je veux/peux apporter ? »…autant d’interrogations qui ne trouvent jamais vraiment de réponses. Et c’est peut-être ça le réel élément positif personnel du volontariat : une perpétuelle introspection, un voyage au cœur de soi-même, un voyage immobile au cours du voyage vers l’Autre.

 

Thomas, VSI en République Démocratique du Congo depuis mai 2015