Quand les volontaires s’engagent pour les droits des femmes
S’engager sur le terrain pour les droits des femmes, c’est à la fois une expérience enrichissante et un défi quotidien. Pour ce deuxième volet de notre série Femmes et engagement, nous avons recueilli les témoignages d’Erisia et Hortense, deux volontaires impliquées au sein d’Agir Ensemble pour les Droits Humains et de Femme Lève-Toi.
✨ Deux parcours, une même détermination
Erisia, Gabonaise, a quitté son pays pour effectuer un service civique en France. Son rôle ? Appuyer le projet de lutte contre les violences basées sur le genre (Act VBG). Si elle n’est pas directement sur le terrain, elle sait que son action contribue à la protection des femmes. « Nos parents, nos mères, surtout en Afrique, nous ont appris à être soumises que tu sois marié ou pas à l’homme, mais en fait, c’est incompréhensible et ça doit être puni. » nous explique-t-elle.
Hortense, Française, a choisi de partir au Gabon en tant que Volontaire de Solidarité Internationale (VSI). Sur place, elle participe à l’accompagnement des femmes victimes de violences, via une permanence d’écoute, une assistance juridique et des formations à l’autonomisation économique. « La plupart des femmes que nous aidons dépendent financièrement de leur conjoint, ce qui les empêche de partir. Les aider à gagner leur propre argent, c’est leur donner une chance de se reconstruire. »
Des réalités différentes, un combat commun
Pour Erisia, la France est un modèle plus avancé en matière d’égalité hommes-femmes, mais elle constate que certaines attitudes persistent. « Souvent quand je sors avec des amis ou quand je vais boire un verre, quand il y a plus d’hommes, j’ai l’impression de ne pas être à ma place. Ce sont les hommes qui prennent plus la parole, ils ne laissent pas trop de place aux femmes pour discuter de certains sujets. »
Hortense, elle, est confrontée à une autre réalité. « La société gabonaise est une société qui est très patriarcale. Dans la culture gabonaise, le harcèlement de rue va être considéré comme de la drague gentillette ». Pour Hortense, l’important est de s’adapter aux normes de son pays d’accueil sans pour autant renier ses convictions : « J’ai adapté mon code vestimentaire au Gabon pour éviter d’attirer l’attention ». Elle souligne aussi la difficulté de faire appliquer les lois : « Le Gabon a fait de grandes avancées législatives, notamment lors de la décennie de la Femme gabonaise, mais dans les faits, les lois ne sont pas toujours appliquées. »
Un message pour celles qui hésitent à s’engager
Malgré les difficultés, ni Erisia ni Hortense ne regrettent leur choix. « Il faut oser ! s’exclame Erisia. Si d’autres femmes n’avaient pas osé avant nous, nous ne pourrions pas être là aujourd’hui. » Hortense insiste sur l’importance d’être bien entourée : « Il faut se créer un réseau de soutien sur place, c’est essentiel pour surmonter les moments de doute. »
Leur engagement est la preuve que chaque action compte. Que ce soit dans la gestion de projets ou en accompagnant directement les victimes, elles contribuent à faire avancer les droits des femmes.
Hortense : entre engagement et adaptation culturelle.
L’une des expériences marquantes d’Hortense dans son volontariat au Gabon est la transformation d’une jeune femme victime de violences en véritable actrice du changement. Cette jeune stagiaire, confrontée à des violences sexuelles sur son lieu de travail, a pu trouver un soutien essentiel grâce à la permanence d’accueil mise en place par l’ONG Femme Lève-Toi. « Elle est venue chercher de l’aide après avoir entendu parler de notre structure par sa voisine. On l’a accompagnée juridiquement, et son agresseur a été condamné. Elle a non seulement obtenu justice, mais aussi une indemnisation qui lui a permis de rebondir. »
Ce qui rend cette histoire encore plus inspirante, c’est la manière dont cette jeune femme est devenue une actrice clef dans l’association. « Elle a d’abord commencé comme bénévole au sein de l’association, puis un poste s’est ouvert en interne et elle a été recrutée. Passer de victime à employée d’une ONG de défense des droits des femmes, c’est une vraie success story. » Cette réussite illustre parfaitement l’impact de l’ONG : donner aux femmes non seulement les moyens de s’en sortir, mais aussi de devenir à leur tour des actrices du changement.
Mais au-delà des réussites, Hortense a dû faire face à des réalités culturelles bien différentes de celles qu’elle connaissait en France. Le harcèlement de rue, notamment, est un élément du quotidien qu’elle et sa colocataire également VSI ont rapidement dû gérer. « On prend souvent le taxi pour nos déplacements, et on a remarqué que les chauffeurs insistaient beaucoup pour discuter et nous draguaient ». Pour tenter d’éviter ces interactions parfois pesantes, Hortense et sa colocataire ont trouvé une astuce : porter une bague à l’annulaire pour faire croire qu’elles sont mariées.
Cette anecdote illustre bien les ajustements quotidiens que doivent faire les volontaires sur le terrain. « S’engager dans un autre pays, c’est aussi apprendre à s’adapter, sans pour autant renier ses valeurs ». Pour Hortense, le volontariat est un véritable équilibre entre immersion et engagement, et son parcours témoigne de la force que peuvent avoir de petites actions pour de grands changements.