« Je cherchais à vivre une expérience d’expatriation sur le long terme. », Solenn, VSI au Sri Lanka

J’effectue actuellement une mission de Volontariat de Solidarité Internationale au Sri Lanka avec  une ONG française/luxembourgeoise. En tant que représentante nationale, je suis en charge de coordonner nos actions au Sri Lanka et en Inde. L’ONG soutien 12 projets dans ces deux pays, mis en œuvre par 7 partenaires locaux. Elle soutient entre autres, la création d’un centre d’accueil de femmes victimes de violence de genre ou le renforcement des réponses gouvernementales à cette problématique, l’accès à l’éducation pour les jeunes filles du Rajasthan, l’accès aux enfants handicapés à une éducation et à des soins spécialisés dans les plantations de thé du Sri Lanka et dans le Tamil Nadu en Inde ainsi que l’accès à l’eau et à l’assainissement des populations les plus défavorisées au Sri Lanka et dans le désert du Thar en Inde.

 

Mon rôle est d’accompagner les partenaires dans la construction de nouveaux projets, la mise en œuvre de leurs activités et d’assurer un suivi régulier, tant au niveau opérationnel que financier. Etant sur place, les actions dans ces pays peuvent être développées plus facilement, je rencontre de nombreuses associations, les autorités locales, je suis à l’écoute des problématiques et des opportunités de partenariats ou de financement.

L’approche de l’ONG dans laquelle je travaille est intéressante dans le sens où elle n’intervient pas directement dans les 9 pays où elle est présente. Elle soutient les projets portés par des associations locales qui ont parfois des difficultés à bénéficier de financements. Cette approche permet d’apporter des solutions adaptées aux problématiques rencontrées car les associations locales connaissent parfaitement les difficultés des populations, les mécanismes de réponse et les particularités culturelles. Cela permet aussi de renforcer les associations locales en matière d’organisation, de développement d’outils de gestion de projets, de suivi financier afin d’améliorer leur efficience, leur capacité à lever de nouveaux financements et ainsi assurer la pérennité de leurs actions.

 

En tant que chargée de projet dans le milieu associatif et en ONG, je cherchais à vivre une expérience d’expatriation sur le long terme.  L’immersion me semble être la seule façon de connaitre un pays car ce processus prend du temps. Les cultures sont complexes et il est difficile d’en saisir toutes les nuances, même en deux ans. Découvrir le pays à travers le prisme professionnel est une approche encore différente car les relations peuvent être toutes autres dans le domaine privé et professionnel.  Le rapport à la hiérarchie, les méthodes de travail, les habitudes culturelles, sont autant de nouvelles expériences qui permettent de remettre en question ses habitudes et ses méthodes. L’expérience que je vis au Sri Lanka est déroutante par de nombreux aspects car il m’ait difficile de créer des liens forts avec les sri lankais. Le respect des distances dans le milieu professionnel est important, la société est très patriarcale et il est donc compliquer de rencontrer des femmes, avec qui les relations seraient plus faciles à créer. Dans le milieu professionnel, je suis confrontée aux difficultés liées à mon âge et mon sexe (femme de moins de 30 ans) qui m’obligent à devoir m’imposer, être persévérante et ne pas me laisser intimidée par cet univers très masculin. Pour arriver aux résultats attendus, je dois adapter ma communication, mes outils de travail, et je dois aussi accepter de ne pas comprendre tous les comportements, en les considérant comme des éléments de la culture. Je vis donc une expérience qui m’oblige à m’interroger constamment et à remettre en question mes certitudes. Je dois aussi développer mes capacités de patience, persévérance et tolérance. Je ne suis pas une novice de la vie en terre étrangère et j’aime le défi de l’adaptation. Il me semble que le Sri Lanka a encore quelques mystères à me dévoiler !

 

Le SCD est important dans ce processus car l’accompagnement avant le départ permet d’avoir conscience des difficultés que nous pourrons rencontrer et ne pas se sentir intouchable. Il est important aussi de savoir qu’on pourra être épaulé en cas de difficulté sur le terrain par des personnes qui savent ce que nous vivons. Et il me semble essentiel de pouvoir compter sur un soutien une fois rentré chez nous. Car si l’expérience de volontariat est une aventure et un défi, le retour en est un autre !

 

Solenn, VSI au Sri Lanka depuis Novembre 2015.