« Après deux ans, j’en apprends encore tous les jours énormément» Lucie, VSI en Haïti

Je suis chargée d’appui technique pour un projet Eau, Hygiène et Assainissement d’une ONG en Haïti. J’habite dans un petit village isolé du Plateau Central en Haïti qui se situe à deux heures de marche de la route. Il n’y a ni eau courante, ni électricité, ni réseau téléphone, et encore moins internet.

Le projet pour lequel je travaille a pour but de réduire le nombre de maladies hydro-fécales (dont le choléra) et d’améliorer la santé des habitants de la zone d’intervention. Je suis impliquée dans la sensibilisation à des pratiques d’hygiène (telles que le lavage des mains, le traitement de l’eau de boisson, et l’utilisation d’une latrine), dans l’aide à la construction de latrines familiales et scolaires ainsi que dans l’amélioration de points d’eau (captage de sources). Les populations sont le moteur direct et indispensable à la réussite du projet, et sont fortement impliquées dans les diverses réalisations.

Ce projet m’apporte beaucoup, aussi bien d’un point de vue personnel que professionnel. En effet, j’ai appris à travailler en milieu difficile, isolé et peu accessible et à m’organiser en conséquence. J’ai appris à gérer une équipe de plus de 10 personnes, à les recruter, à les faire évoluer, à les former, à les évaluer et à en retirer le meilleur pour le projet. Je peux aujourd’hui mobiliser des gens autour d’un projet et d’un objectif. Je sais également prendre des décisions rapidement, être autonome et établir un budget adapté en fonction des observations concrètes que nous faisons sur le terrain.

Pour ce travail il m’a fallu être comptable, responsable de ressources humaines, logisticien, photographe, maçon, menuisier, sportif et j’en passe… Après deux ans, j’en apprends encore tous les jours énormément, et c’est ce qui compte le plus à mes yeux. J’apprends à être patiente et disponible. J’apprends une langue, une culture et des habitudes de vie. J’apprends à m’adapter, comme jamais. J’apprends la débrouille et je suis devenue spécialiste du « plan B ». En dehors de mes compétences, je me découvre des facultés que je ne connaissais pas. Je connais mieux mes limites physiques (la marche est une partie intégrante de mon travail). Je les dépasse chaque jour ! Je vis une expérience unique, tant sur le plan personnel que professionnel.

Lucie, volontaire en Haïti entre 2014 et 2016