Repenser la solidarité internationale

Depuis plusieurs mois, un constat s’impose avec une acuité croissante : la solidarité internationale traverse une crise profonde. Sous les effets combinés des tensions géopolitiques, des urgences climatiques et des crises humanitaires qui se multiplient, les réponses collectives sont freinées, fragilisées, voire démantelées. Et ce, au moment même où elles sont le plus nécessaires.

En 2024, les coupes budgétaires drastiques opérées par la France et d’autres bailleurs traditionnels (États-Unis, Allemagne, Union européenne…) réduisent considérablement l’Aide Publique au Développement (APD), mettant en péril des projets essentiels. Ce sont des partenariats suspendus, des équipes réduites, des milliers de personnes privées d’accès à des services vitaux, des ONG obligées de quitter des zones sensibles.

Dans ce contexte, pour le SCD, la question de la réciprocité dépasse le seul camp du volontariat. Elle devient un enjeu politique, structurel, et systémique.

Réciprocité : au-delà des échanges, un engagement partagé

Au SCD, nous défendons une vision du volontariat fondée sur l’échange, le respect et l’apprentissage mutuel. La réciprocité n’est pas un « bonus » : elle représente un modèle qui reconnaît la valeur de toutes les voix, de toutes les expériences.

Mais aujourd’hui, cette réciprocité est mise à l’épreuve.

Les dynamiques actuelles renforcent des logiques unilatérales : certains pays décident, d’autres subissent. Pourtant, l’avenir du volontariat et, plus largement, de la solidarité internationale, ne peut s’écrire sans repenser en profondeur ces rapports.

Vers un nouvel équilibre solidaire

Il est temps de normaliser une solidarité à double sens, ancrée dans des partenariats équitables, où les organisations qui accueillent sont aussi des organisations qui envoient. Il est temps d’ancrer la réciprocité dans les politiques publiques et dans les modèles de gouvernance. Il est temps d’admettre qu’une solidarité efficace ne peut être que mutuelle et horizontale.

Face aux coupes budgétaires, au désengagement des États, nous devons collectivement faire preuve d’audace. Cela implique de :

  • défendre des financements durables et solidaires, par exemple à travers une fiscalité internationale plus équitable (taxe sur les transactions financières, taxe aviation…) ;
  • renforcer les dynamiques locales, en soutenant la voix des acteurs de terrain ;
  • bâtir des cadres de coopération qui reconnaissent la complémentarité des savoirs et des pratiques, sans reproduire des rapports de domination.

Un équilibre qui doit se traduire aussi dans nos positionnements : être bien ancrés sur nos principes, nos valeurs ou notre identité institutionnelle, tout en évoluant et se remettant en question. Rester indépendant tout en assurant notre volonté d’être co-acteurs des politiques publiques avec les collectivités, opérateurs d’Etat ou ministères. Promouvoir de nouvelles façons de penser le nouveau monde, tout en ayant bien conscience que nous faisons nous même partie de l’ancien !

Une mobilisation qui commence ici

Depuis l’année dernière, le SCD a activement contribué à cette mobilisation : en rejoignant les tribunes portées par Coordination SUD, en participant à la dynamique collective des ONG lyonnaises, en soutenant la création d’espaces d’échange locaux entre acteurs engagés. Parce qu’une solidarité juste commence aussi par des alliances fortes.

Nous clôturons ce mois de réflexion sur la réciprocité avec une conviction : l’avenir du volontariat et de la solidarité internationale passe par une réinvention collective et courageuse de nos engagements.

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